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La goélette terreur des Anglais
En dessinant Pen Duick III extrapolé de son Pen Duick II, Éric Tabarly avait en tête de disputer les courses anglaises du RORC (Royal Océan Racing Club) en équipage puis de s’aligner dans la transat anglaise en 1968. Il y renonça finalement préférant s’aligner à la barre à la barre du trimaran Pen Duick IV tout juste mis à l’eau.
Construit aux Chantiers et Ateliers de la Perrière à Lorient en Duralinox, un alliage d’aluminium, Pen Duick III est gréé en goélette avec deux mâts de hauteur identique. Un gréement alors délaissé mais opportunément remis au gout du jour par Tabarly. Sa coque, qui a été testée en bassin de carène à Nantes, tout comme son lest, se distingue esthétiquement par son étrave à guibre, ses extrémités fines et son tableau arrière étroit. Avec sa carène à double bouchain, Pen Duick III arrive à planer au vent arrière par forte brise.
Mis à l’eau le 3 juin 1967 à Lorient, il va truster les victoires dans les courses du RORC remportant notamment la célèbre course du Fastnet. Pour clore cette saison de tous les succès, Tabarly remporte la mythique course Sydney - Hobart fin décembre avec le plus jeune équipage de la course (moyenne d’âge 22 ans).
Cette domination sans partage incite les Anglo-saxons à revoir leur règlement et à modifier la jauge en pénalisant le gréement de goélette. Éric Tabarly décide donc de transformer le gréement de Pen Duick III en ketch, puis en sloop (un seul grand mât) en 1971. Il continue à naviguer dans le Pacifique entre Los Angeles et Tahiti dans l’Atlantique Sud (Capetown Rio) mais la suprématie de Pen Duick III est plus contestée.
Cependant ce voilier va encore étoffer son palmarès en enchaînant de nombreuses courses aux mains de skippers proches d’Éric Tabarly. En 1977, rebaptisé Gauloises, il participe à la Whitbread skippé par Éric Loizeau et manque de peu la victoire en raison d’une avarie de safran. En 1978, Philippe Poupon le mène dans la Route du Rhum puis dans la première transat en double Lorient-Les Bermudes-Lorient en 1979 associé à Patrick Tabarly. Enfin, sous les couleurs de Cacharel, Jean François Coste l’emmène autour du monde dans le premier Vendée Globe (1989–90) et termine 7ème deux mois après le vainqueur Titouan Lamazou.
Entre toutes ces courses, Pen Duick III a été aussi beaucoup utilisé en école de croisière. En 1973 il avait même franchi le Cap Horn avec Marc Linski. Après le Vendée Globe, la goélette a navigué deux ans en Antarctique sous le commandement de Patrick Tabarly.
Pen Duick III avait ensuite rejoint le Club Croisière Pen Duick du regretté skipper malouin Arnaud Dhallenne disparu au large de l’Argentine en mars 2019.
Propriété de Jacqueline et Marie Tabarly, il est confié depuis 2009 à l'Association Éric Tabarly, qui lui a redonné son lustre. En 2010, il a retrouvé son gréement de goélette d’origine. En 2011, des travaux importants ont été entrepris sur la coque (sablage, remplacement de certaines tôles). En 2017, pour son 50 ème anniversaire, il était la star du salon nautique à la Porte de Versailles. L’association le fait naviguer en école de croisière ou sur différents évènements avec la flotte des Pen Duick.
Fiche technique
Architecte : Éric Tabarly et Chantier la Perrière
Constructeur : Ateliers et Chantiers de la Perrière à Lorient
Port d'attache : Lorient
Lancement : juin 1967
Longueur : 17,40 m
Longueur à la flottaison : 13 m
Tirant d’eau : 2,75 m
Déplacement : 13 t
Voilure : 152 m2 au près, 320 m2 au portant
Gréement : goélette Marconi