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Le bateau de coeur
Cet élégant cotre aurique de 15 m est le bateau de cœur d’Éric Tabarly et leurs destins ont été liés pour le meilleur et le pire. C’est à son bord que le plus célèbre des marins français a disparu en mer d’Irlande dans la nuit du 12 au 13 juin 1998.
Ce voilier a été conçu en 1898 par le célèbre architecte William Fife et construit en Irlande près de Cork. Avant d’entrer dans la famille Tabarly en 1938, ce cotre appelé Yum avait déjà connu une quinzaine de propriétaires et régaté dans les eaux britanniques mais également bretonnes. Ce cotre étroit et bas de franc bord était conçu pour naviguer sur les plans d’eaux abrités. Guy Tabarly (le père d'Éric) le rachète à la famille Lebec qui lui a donné ce joli nom (Petite tête noire en breton) et c’est à son bord qu’Éric découvre la voile.
Pendant la seconde guerre mondiale, le voilier laissé sur une vasière à Bénodet se détériore et est dans un triste état. Le coût de la remise en état étant trop élevé, Guy Tabarly envisage de le vendre au grand désespoir de son fils Éric. "Ce bateau même dans un état misérable est ma vie" écrit-il dans Mémoires du large. Faute d’acquéreur sérieux, Éric l’achète à son père à l’état d’épave et à 21 ans devient le 16ème propriétaire de ce bateau. Dès lors il va déployer beaucoup d’énergie et d’inventivité pour le restaurer. Il a l’idée de se servir de la coque d’origine comme un moule mâle pour réaliser une coque en stratifié polyester et tissu de verre. Une opération jamais tentée sur un voilier de cette taille mais réussie grâce à sa pugnacité et l’aide des frères Constantini.
À Pâques 1959, après 12 ans d’inactivité, ce yacht est à nouveau paré à naviguer et Tabarly dispute plusieurs régates et croisières à son bord.
Courant les océans à partir de 1964 avec la réussite que l’on sait sur différents Pen Duick, il n’a pas le temps d’être aux petits soins pour son cotre. En 1983, celui-ci est convoyé au chantier de Raymond Labbé à Saint Malo. Pendant six ans, cet orfèvre et son équipe effectuent un patient travail pour redonner son lustre à Pen Duick. Après la restauration de la coque, le charpentier s’attaque au pont refait en pin d’Oregon comme à l’origine. En juillet 1989, le vénérable cotre aurique de 91 ans retrouve son élément pour Les Voiles de la Liberté à Rouen. Dans les années 1990, Éric Tabarly va le mener dans de nombreuses régates en Atlantique et en Méditerranée, avant la magnifique fête du centenaire en mai 1998. Trois jours durant, le skipper et son magnifique Pen Duick entourés de plusieurs gréements anciens dont huit plans Fife sont à la fête à Bénodet. Une semaine après cette fête anniversaire, Tabarly met le cap sur l’Écosse pour participer à un rassemblement en l’honneur de l’architecte William Fife. Et c’est le drame : de nuit, un coup de gîte précipite Éric Tabarly en mer d’Irlande. À 67 ans ce marin de légende disparait tragiquement.
Pen Duick est classé monument historique en 2016. On découvre que la coque s’est dégradée et nécessite une nouvelle restauration. L'association Pen Duick est créée pour financer cette rénovation réalisée de 2019 à 2020 par le chantier du Guip pour le bois et le chantier de Pors Moro pour le stratifié. Géré par l’association, Pen Duick, qui a retrouvé sa superbe, continue à naviguer dans de nombreuses manifestations.
Fiche technique
Architecte : William Fife III junior, architecte écossais
Constructeur : N. & J. Cummins & Bros à Carigaloe près de Cork (Irlande)
Port d'attache : Lorient
Fabrication : bois
Lancement : 1898
Longeur : 15,10 m
Longueur flottaison : 10,05 m
Maître-bau : 2,93 m
Tirant d'eau : 2,20 m
Déplacement : 11 t
Voilure au près : 160 m²