Éric Tabarly
Architecte et concepteur de génie, marin d'exception, Éric Tabarly n'a cessé d'être précurseur en matière de construction de bateaux.
éric tabarly
1931 - 1998
Officier de marine, navigateur et marin de légende
Vainqueur de nombreuses courses
Officier de marine
Éric Tabarly nait à Nantes le 24 juillet 1931. Dès sa plus tendre enfance, sa passion des bateaux croît au fil des navigations sur Annie, le premier bateau familial, puis sur le célèbre Pen Duick dont le jeune garçon tombe sous le charme dès 1938. En 1952, il intègre l’aéronavale, va piloter des avions durant plusieurs années, puis devenir enseigne de vaisseau en 1960 à l’issue de son passage à L’École Navale. Rapidement, ses supérieurs découvrent le symbole de la Marine Nationale que pourrait incarner le jeune officier, tant ses talents de régatier sont criants. Grâce à un statut d’officier détaché à temps plein, Éric Tabarly peut s’adonner à sa passion et courir les océans. Son statut d’officier de marine lui permet par ailleurs de bénéficier des services de jeunes appelés qui vont faire leur service militaire à bord des services parmi lesquels Olivier de Kersauson, Jean Le Cam ou encore Titouan Lamazou. Il quitte la Marine Nationale en 1985 avec le grade de Capitaine de Vaisseau.
Ses grandes victoires
Dans une discipline récente qu’est la course au large dans les années 60, Tabarly est rapidement une référence incontournable. En 1964, ce jeune officier de marine bat les Anglais lors de la Transat Anglaise, traversée de l’Atlantique en solitaire, et devient une icône nationale. Douze ans plus tard, il gagne à nouveau, mais dans des conditions inouïes qu’un scénariste n’aurait pas pu inventer : à la barre de Pen Duick VI, pourtant prévu pour un équipage de 14 personnes et malgré des conditions météo dantesques, il est à nouveau le premier à couper la ligne. Entre temps, il y aura eu le grand Chelem de Pen Duick III en 1967 (7 victoires en autant de courses), la victoire sur Pen Duick V dans la Transpacifique en solitaire de 1969 avec 10 jours d’avance sur les concurrents, puis suivront le record de l’Atlantique nord en 1980 sur Paul Ricard et la Transat Jacques Vabre de 1997 avec Yves Parlier, pour ne citer que les plus connues.
Pas ingénieur, mais ingénieux
En plus d’être un marin de grand talent, Éric Tabarly fait preuve durant toute sa carrière d’une ingéniosité architecturale peu commune. Mises en pratiques sur ses bateaux successifs, ces innovations lui permettent de disposer de voiliers très compétitifs. Avec Pen Duick II d’abord, il allège considérablement sa coque en utilisant du contreplaqué marine ; la goélette Pen Duick III suit le même chemin avec une coque construite avec un alliage d’aluminium, sa quille profilée lui confère un hydrodynamisme jamais vu jusqu’alors, tout en étant très toilée grâce, notamment, à sa misaine sur wishbone. Pen Duick IV est le premier véritable grand trimaran de course au large et innove plus encore avec ses mâts tournants ; l’architecture de Pen Duick V va elle aussi faire école : carène planante, ballasts, quille profonde et profilée, tous les ingrédients que l’on retrouve 20 ans plus tard sur les bateaux du Vendée Globe. Pen Duick VI va lui aussi apporter son lot d’innovations, par exemple la chaussette à spi, elle aussi reprise par la suite sur d’autres bateaux. Enfin, les foils du Paul Ricard inspireront l’architecture de l’Hydroptère pour lui permettre de voler au-dessus de l’eau.
L’amoureux de Pen Duick
S’il y a un bateau auquel Éric Tabarly était attaché, c’est bien Pen Duick. Ce cotre aurique de 1898 construit en Irlande a une histoire pourtant mouvementée tant il a failli disparaitre à plusieurs reprises. Durant les années de guerre, sa quille en plomb doit être réquisitionnée par les Allemands, mais le matelot en charge du bateau leur expliquera que celle-ci est en fonte et le sauvera de la démolition. Quelques années plus tard, c’est le père d’Éric qui décide de vendre cette même quille en plomb. Il ne faudra que la ténacité de son fils pour que Pen Duick lui soit finalement cédé en 1952. Pour le rénover, Éric Tabarly utilise de la fibre de verre, moulée sur la vieille coque, et lui donne ainsi une deuxième jeunesse. A l’issue de sa carrière sportive, Éric Tabarly entreprend entre 1983 et 1989 la rénovation complète du bateau de son enfance qui devient celui de ces vieux jours. C’est à bord de sa « mésange à tête noire » qu’il tombe à la mer en juin 1998.